Maître de conférences à l’université du Bosphore (Bogazici, en turc) à Istanbul, Can Candan a été déclaré « persona non grata » au sein de son alma mater, le « Harvard turc », où il a enseigné pendant quatorze ans. Son nouveau statut lui a été signifié au matin du 11 octobre, quand les gardes de sécurité postés à l’entrée du campus ont refusé de lever la barrière pour laisser entrer sa voiture.
Can Candan a eu beau expliquer qu’il avait un rendez-vous important avec ses étudiants, qu’il ne pouvait leur faire faux bond, le portique est resté clos. « Ordre du recteur », ont dit les gardes. Bientôt, des policiers en civil sont arrivés en renfort, suivis par des représentants des forces antiémeute positionnées derrière des boucliers en Plexiglas.
« Des collègues, des élèves, sont arrivés à la rescousse. Deux heures de palabres, sans résultat. Au bout d’un moment, je suis parti. Que faire ? Je n’allais tout de même pas me battre… », raconte l’enseignant de 52 ans, qui n’en revient pas. « Le recteur n’a pas trouvé mieux à faire qu’ériger un cordon de police entre moi et l’université. C’est contraire à l’esprit de Bogazici, axé sur l’ouverture et la tolérance, mais, surtout, c’est cruel… »
Dans le cadre d’un programme organisé par Universitaires pour la Paix, Paris résiste avec Boğaziçi, le département Cinéma et le laboratoire LEGS accueillaient Can Candan le 10 décembre 2021 à l’Université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis pour une projection/rencontre :