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L’Esprit de la ruche

En 1973, Franco s’apprête à céder son pouvoir au futur roi Juan Carlos et l’Espagne entre lentement dans une période de transition démocratique. Dans ce contexte, les idées naissent, les histoires se racontent. Le cinéma participe pleinement à cette effervescence discrète et Victor Erice tourne L’Esprit de la ruche.

Dans l’Espagne des années 40, Ana, 6 ans, assiste à une séance de cinéma itinérant. Elle y découvre un monstre : celui de Frankenstein. Dans un monde façonné par le nondit, Ana donne alors un visage à l’angoisse latente. La créature existe ; « l’enfant, […] prisonnier politique »1Formule de J.L. Godard, reprise de Danielle Dubroux, « La lumière et l’ombre », In Les Cahiers du Cinéma, n°274, mars 1997, pp.41-44. doit négocier avec plusieurs réalités, comme le spectateur négocie avec le cinéma, entre ce qui se joue et ce qui s’y joue. Les récits s’entremêlent ainsi à de multiples niveaux. Si  »Frankenstein » résonne avec Franco, l’héroïne qui naît au début de la guerre d’Espagne porte le même prénom que son actrice en passe de vivre la chute de la dictature.

Partagée entre l’intuition et le fantasme, Ana forge une légende à partir de ce qu’elle voit. Erice cherche à approcher « la réalité comme un primitif »2Alain Philippon, « Entretien avec Victor Erice », In Les Cahiers du Cinéma, n°405, mars 1988. , alliant le mythe de la caverne et l’humanisme du XVè siècle. A travers le regard d’Ana, le spectateur réfléchit sur l’interprétation originelle et la manière dont s’appréhende l’Histoire, dépouillée de ses légendes.

Lorraine Thilloy
L’Esprit de la ruche
  • 1
    Formule de J.L. Godard, reprise de Danielle Dubroux, « La lumière et l’ombre », In Les Cahiers du Cinéma, n°274, mars 1997, pp.41-44.
  • 2
    Alain Philippon, « Entretien avec Victor Erice », In Les Cahiers du Cinéma, n°405, mars 1988.
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